Biographie de Cézanne par un critique contemporain (Charles Morice)

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Biographie de Cézanne par un critique contemporain (Charles Morice) Biographie de Cézanne par un critique contemporain (Charles Morice)
Biographie de Cézanne par un critique contemporain (Charles Morice)
Biographie de Cézanne par un critique contemporain (Charles Morice) Biographie de Cézanne par un critique contemporain (Charles Morice) Biographie de Cézanne par un critique contemporain (Charles Morice)
 
  «La biographie de Paul Cézanne est courte. Peu s'en faut qu'elle tienne toute dans le vers célèbre: "Naître, vivre et mourir dans la même maison".
 
 

Notons-le tout de suite, car ce n'est pas le fait le moins singulier d'une destinée au fond si simple et apparemment si contradictoire: ce prétendu révolutionnaire fut en réalité le plus bourgeois et même le plus réactionnaire des hommes. Peut-être s'il m'est permis d'avancer sans inconvenance cette joyeuse hypothèse — y a-t-il là de quoi réconcilier avec les «philistins»que scandalisait sa peinture. Il fut l'un d'eux par bien des points. Il le fut par son attachement étroit aux principes religieux et sociaux, aux préjugés de sa classe, catholique convaincu et citoyen conforme; il le fut même par sa persévérance à solliciter les suffrages du jury des Champs-É1ysées chaque année (m'assure-t-on) lui envoyant quelques tableaux, sans que tant de précédents échecs pussent le décourager, comme par son consentement à laisser demander pour lui la croix d'honneur et à se la faire refuser.


Sa vie, en dehors des agitations que l'art y apporta, fut sans événements.
Il est né à Aix le 19 janvier 1838. Ill est mort dans cette même ville le 22 octobre 1906. Son père était un riche banquier. Au collège d'Aix, où il entra dans sa treizième année, il eut pour condisciple, plus jeune que lui de deux ans, Zola.


Les deux enfants se lièrent d'une amitié que les deux hommes longtemps cultivèrent. On sait ce qui les brouilla: le peintre fit le portrait de l'écrivain et celui-ci ne se trouva pas flatté. Il est plaisant de supposer que Zola se soit cru beau.

De très bonne heure Cézanne montra du goût pour la peinture; mais la musique et la poésie l'attiraient également. Il est parmi les très rares artistes qu'une complète culture ait mis à même de choisir leur activité. Toute sa vie, du reste, il demeura fidèle à ses premières admirations littéraires, et ce peintre si libre, ce novateur, entre tous les poètes préféra toujours les plus sereinement classiques; son livre de chevet était, dit-on, l'œuvre de Virgile, qu'il lisait dans le texte. Quant aux, «mouvements»qui passionnaient les contemporains roman tiques et naturalistes de sa jeunesse et de son âge mûr et les mettaient en demeure d'y prendre parti, on peut, croire qu'il leur resta profondément étranger. En Zola même, il accepte un camarade, un défenseur, sans prêter à l'Évangile de Médan une importance exagérée. Dans les lettres comme dans les arts, le conseil des maîtres anciens lui suffisait; la vie présente se bornait pour lui aux joies que donnaient à ses yeux de peintre les jeux colorés de la lumière. — Comment il parvint à la conscience de ces joies, comment dans leur diversité infinie il choisit sa part: c'est toute l'histoire de Paul Cézanne.

Il est donc assez peu précieux de noter les deux années qu'il perdit à la faculté de droit d'Aix et son court passage dans la banque de son père. Sa vie d'artiste commence en 1862, à l'académie Suisse du quai des Orfèvres, où il rencontre Pissarro et Guillaumin.

Dès ces débuts il manifeste sa prédilection innée pour la vie régulière, pour les sanctions normales, en se présentant au concours d'admission à 1'École des Beaux-Arts et en faisant au Salon officiel un consciencieux envoi. Mais au concours il fut refusé et le jury du Salon l'écarta. Ainsi tout de suite s'affirmait, invincible, fatale, la sincérité de l'artiste. Ce n'était pas pour son plaisir, c'était involontairement qu'il suscitait les indignations, les colères, qu'il se faisait rappeler à l'ordre. — L'ordre! personne n'en eut plus que lui le culte et le scrupule et ce fut l'originalité, mais aussi la tristesse de sa vie de ne pouvoir obtenir, homme par excellence rangé, l'approbation d'esprits qui partageaient en tout ses convictions, — sauf en art. Et à coup sûr c'est lui qui représentait contre eux — en art — l'ordre vrai, le seul; mais peut-être ne le représentait-il pas avec eux hors de l'art, hors de cet art où il vérifiait aux clartés de sa révélation intime leur mensonge sans que cette évidence avertit un esprit singulièrement exclusif et au regard duquel les choses de l'art semblent avoir constitué comme un monde à part, isolé, «séparé», gouverné par des lois d'exception.

Rejeté par l'officiel et révolutionnaire malgré lui, Cézanne ne tarda pas à faire nombre avec d'autres révoltés, les Impressionnistes, qui guerroyaient, eux, sans regret contre l'École. Il fut de leur première exposition — en 1874, chez Nadar, au boulevard des Capucines — avec Renoir et Claude Monet, avec Pissarro et Guillaumin.

Mais cette date et cette manifestation n'avaient point pour lui la même importance que pour ses compagnons de bataille. Elles marquaient simplement dans l'évolution de son talent une période, la quatrième, à bien compter, et qui ne devait pas être définitive.

Il avait commencé par écouter les maîtres du Louvre et Delacroix. — C'était l'époque, assez brève, des compositions romantiques, telles que l'Enlèvement, où le jeune artiste montre des qualités de studieuse impersonnalité qu'il dépouillera dès qu'il aura fait la connaissance de Courbet.

Il conserva toujours pour Delacroix une estime raisonnée, profonde, et ne cessa de le mettre, si je ne me trompe, plus haut que Courbet dans ses admirations. Mais il y avait plus d'harmonie réelle entre ses propres instincts et la vision réaliste de Courbet et, sous l'influence de celui-ci, Cézanne acquit un développement plus fécond et plus décisif qu'il n'avait fait à l'école de Delacroix. Et ce fut la seconde période distincte.

— La troisième est illustrée par le nom de Manet et par l'avènement de la couleur claire sur la palette du peintre en perpétuelle recherche, tour à tour romantique et réaliste, mais séduit depuis déjà cinq années aux nouveautés les plus hardies par la parole et l'exemple de Pissarro. — Il pouvait dont, il y était logiquement appelé, voisiner sept ans plus tard avec Monet et Renoir, sans, bien entendu, se confondre avec eux, mais sans que sa présence entre eux rompît l'harmonie. On remarquera, en effet, que ces stations successives, bien loin d'être caractérisées par de nets contrastes on même par des oppositions, sont comme des «temps» du même mouvement.



 
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