«Sandro Botticelli fut un dessinateur hors du commun et bien des artistes s'ingénièrent à se procurer ses dessins et j'en possède quelques-uns dans mon livre qui sont le fait d'un dessinateur expérimenté et d'un jugement très sûr. Il usa de nombreuses figures dans les scènes qu'il peignit, comme on peut le voir dans les motifs décoratifs qu'il conçut pour la garniture de la Croix que les moines de S. Maria Novella promènent en procession. Sandro mérite donc de grands éloges pour toutes les peintures qu'il fit [...]». Giorgio Vasari, Sandro Botticelli, peintre florentin, «Vie des plus excellents peintres, sculpteurs et architectes»
«Sandro Botticelli (1447-1510), élève de Fra Filippo, traduisit plus profondément, non la joie et la force d'une population entière, mais le rêve de quelques-uns, à cette époque où contre le paganisme renaissant et la nature toute puissante luttaient encore la tradition catholique et les souvenirs du Moyen âge; un mélange singulier de tendresse chrétienne et de volupté païenne, de mysticisme très doux et de sensualité presque amère se trahit dans la tristesse de ses sourires. Le premier il osait, après avoir peint la Vierge, peindre Vénus presque aussi chaste et aussi douce, et le premier dans son allégorie fameuse du Printemps, qui est comme le Triomphe à la Pétrarque de la Renaissance, il modulait l'hymne des dieux ressuscités et de l'Amour vainqueur.» É. Bertaux, la Grande Encyclopédie (1885-1902) 
Vie et oeuvre "Fruit d'une recherche formelle systématique et inspiré par des « stratégies figuratives » qui attribuent à l'image une fonction polyvalente, à la fois esthétique et symbolique, son langage artistique n'ignore jamais la destination des œuvres. Dans l'atmosphère particulière de Florence au cours des trente dernières années du siècle, alimentée d'abord par l'humanisme intellectuel médicéen avant d'être agitée par les inquiétudes suscitées par les prédications de Savonarole, Botticelli atteint des sommets de raffinement linéaire et chromatique, aussi bien dans les thèmes mythologiques et littéraires que dans la méditation douloureuse sur le thème chrétien. (...)
Né à Florence en 1445, Alessandro Filipepi aurait, selon la tradition, reçu sa première formation artistique chez un orfèvre appelé « Botticello », auquel il aurait dû son surnom. L'hypothèse n'est plus acceptée par la critique, mais on peut la rapporter à son frère Giovanni, dont un document de 1458 nous apprend qu'il pratiquait la profession d'orfèvre. Il est probable que Sandro ait fait un bref apprentissage dans l'atelier de son frère, dont il a hérité le surnom. Comme dans le cas de Pollaiolo et de Verrocchio, cette expérience d'orfèvre, même limitée, laissera une marque reconnaissable dans la linéarité rapide et nerveuse des premières œuvres. Mais c'est à l'école du frère dominicain, et peintre affirmé, Filippo Lippi que Botticelli a reçu sa véritable formation artistique.
Sa première commande publique lui est confiée par le Tribunal de l'Arte della Mercanzia (Guilde des Marchands) en 1470 –date à laquelle le nom de Botticelli figure parmi ceux des maîtres d'atelier. Il s'agit d'un panneau (La Force, conservée aux Offices) qui devait compléter une série de représentations des sept Vertus théologales et cardinales (Foi, Espérance, Charité, Force, Justice, Prudence et Tempérance).
Entre 1481 et 1482, l'artiste séjourne à Rome, et, avec d'autres peintres florentins comme Cosimo Rosselli et Domenico Ghirlandaio, il travaille à la décoration des murs de la Chapelle Sixtine, construite entre 1475 et 1477 par le pape Sixte IV à l'image du Temple de Salomon. Tout de suite après cette expérience romaine, il réalise d'affilée quelques-unes de ses plus belles peintures de thèmes mythologiques et poétiques, toutes liées d'une manière ou d'une autre au mécénat médicéen : les quatre panneaux peints à la détrempe représentant la nouvelle de Boccace, Nastagio degli Onesti, le célèbre Printemps, Pallas et le Centaure et La Naissance de Vénus.
Un climat d'insécurité générale pèse sur Florence après le départ des Médicis, chassés de la ville en 1494, tandis que leurs adversaires accèdent au pouvoir et que les prédications de Savonarole minent les valeurs morales et la conception même de la vie auxquelles on avait cru. Dans cette phase tardive, à partir des années 1490, les peintures de Botticelli sont animées par des figures emportées par une tension spirituelle croissante, qui traduisent l'inquiétude de cette fin de siècle à Florence. Mais cette transformation est perçue comme une opposition à la modernité et aux développements formels apportés par Léonard et Michel-Ange. Ce dernier le critique en particulier pour sa conception des utilisations de la perspective. Les diverses versions de la Pietà et de la Nativité reflètent cette ultime phase de tourment spirituel. Botticelli meurt à Florence en 1510." |