Matthias Grünewald (de son vrai nom probablement Mathis Gothart Nithart), né probablement à Wurtzbourg, en Bavière, v. 1475–1480 et mort à Halle, en Saxe-Anhalt, en 1528, était un peintre et ingénieur hydraulique allemand de la Renaissance, contemporain d'Albrecht Dürer. Biographie Identité Retable d'Issenheim, L'incarnation du fils de Dieu (« Concert des Anges ») c. 1512-1515, Huile sur bois Musée d'Unterlinden, ColmarL'identité de « Matthias Grünewald » reste incertaine. Ce nom lui fut donné, de manière assez arbitraire, par Joachim von Sandrart (1606–1688), « le Giorgio Vasari allemand », qui, après environ un siècle d'oubli quasi-total du nom sinon de l'œuvre, le redécouvre et en parle dans sa volumineuse Teutsche Academie der Edlen Bau-, Bild- und Mahlerey-Künste (encyclopédie des architectes, sculpteurs et peintres allemands) de 1675. On lui connaît d'ailleurs plusieurs types de signatures – MGN avec G dans M, et N latéral ; MGN avec G dans M, et N superposé ; MG avec G dans M et Mathis —– qui ont ajouté à la confusion autour de son nom : s'appelait-il Gothart —– « le pieux » — surnommé Neithart — « le chagrin » —– ou l'inverse ? Sur les documents qui nous restent attestant de ses contrats d'ingénieur hydraulique pour la cour du jeune archevêque, Albrecht de Brandenbourg (1490-1545), auprès de Jacques de Liebenstein, ou, auparavant, de l'archevêque Uriel von Gemmingen d'Aschaffenbourg, il est tantôt appelé Gothart, tantôt Neithart. Ces mêmes contrats montrent d'ailleurs que ses compétences d'ingénieur devaient être comprises au sens large, car en plus du percement d'un puits et de l'installation d'une pompe, il était également chargé de la reconstruction de l'âtre. Portrait d'Albrecht de Brandenbourg sous les traits de Saint Érasme, détail de « Saint Érasme et Saint Maurice » c. 1517-1523, Huile sur bois Alte Pinakothek, MunichDu fait de l'existence d'un Mathis Grün qui lui fut contemporain (mort en 1532) il fut longtemps supposé, sur la base du nom forgé par Sandrart, que le vrai Grünewald était celui-là, mais Mathis Grün était sculpteur et aucune sculpture n'a jamais pu être attribuée avec certitude au dit Grünewald. La partie sculptée du retable d'Issenheim, son chef-d'œuvre, est de la main de Nicolas de Haguenau (avec collaboration d'atelier) et date des années 1480, ce qui est d'ailleurs manifeste du point de vue stylistique, résolument pré-Renaissance. Bien que le nom de l'auteur du retable peint pour le couvent-hôpital des moines antonins d'Issenheim fut tombé dans l'oubli assez rapidement, sa renommée d'artiste, très grande durant sa vie — son legs, qui comportait plusieurs manteaux de pelisse et de tissu de qualité ainsi qu'un matériel de peinture de tout premier choix, témoigne d'une fortune matérielle certaine —, n'avait guère pâli, quoique l'on attribuât la paternité de son œuvre, pendant un temps, à Albrecht Dürer. |